OMS: Cultivez des aliments, pas du tabac
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) souhaite aider un nombre croissant de cultivateurs de tabac à changer de culture afin de renforcer la sécurité alimentaire des populations les plus pauvres notamment d'Afrique et d'Amérique latine.
A l'occasion de la Journée mondiale sans tabac (31 mai), l'OMS a présenté, ce vendredi, un récent programme onusien de soutien aux cultivateurs de tabac souhaitant se convertir, qui a commencé à faire ses preuves au Kenya mais que l'organisation espère exporter dans d'autres pays et continents.
"Un nombre record de 349 millions de personnes souffrent d'une insécurité alimentaire aiguë. Parallèlement, 3,2 millions d'hectares de terres dans 124 pays sont utilisés pour cultiver le tabac", a dénoncé le Dr Ruediger Krech, directeur du département Promotion de la santé à l'OMS, lors d'une conférence de presse à Genève.
Au-delà de ses effets sur la santé des fumeurs et des paysans, la culture du tabac pose un problème pour la sécurité alimentaire, selon l'OMS.
L'organisation est d'autant plus inquiète que, selon elle, les compagnies de tabac s'implantent de plus en plus en Afrique, avec une augmentation de près de 20% des plantations de tabac sur l'ensemble du continent depuis 2005.
"On dit souvent que la culture du tabac est importante pour la croissance économique. C'est un mythe qu'il est urgent de dissiper. Elle n'est supérieure à 1% du PIB que dans cinq pays du monde - le Malawi, le Mozambique, le Zimbabwe, la Tanzanie et la Macédoine du Nord", a souligné le Dr Krech.
L'OMS accuse l'industrie du tabac de piéger les agriculteurs dans un cercle vicieux d'endettement, en leur laissant peu de choix sur les prix et la qualité des produits. "L'industrie du tabac maintient les agriculteurs dans un cycle de dépendance (...). Ils sont pris au piège", a dénoncé le Dr Krech.
L'OMS et ses partenaires onusiens ont mis en place un programme de microcrédits pour aider les paysans à payer leurs dettes auprès de l'industrie du tabac et à changer de culture.
Ce programme a été lancé, avec le feu vert des autorités, au Kenya où 2.040 paysans ont pu être aidés en un an, et devrait soutenir d'ici à la fin de 2024 quelque 5.000 personnes, dont 4.000 au Kenya et 1.000 en Zambie.
"En choisissant de cultiver des aliments plutôt que du tabac, nous donnons la priorité à la santé, préservons les écosystèmes et renforçons la sécurité alimentaire pour tous", a souligné le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l'OMS dans un communiqué, rappelant que le tabac est responsable de 8 millions de décès par an.
(AFP)